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ARMAND AMOUGOU AFOUBOU

IMPACT DES ACTIVITES PRIVEES DE GARDIENNAGE SUR L’ECONOMIE CAMEROUNAISE

18 Juin 2013 , Rédigé par AMOUGOU AFOUBOU Anselme Armand

Le préambule de la constitution du 18 janvier 1996 place la sécurité des personnes et des biens sous la responsabilité directe du Président de la République. C’est d’ailleurs en vertu de cette prérogative constitutionnelle qu’il est le Chef suprême des Forces de sécurité et de défense. Seulement, la croissance démographique et économique élève sans cesse le niveau d’insécurité au point que les forces publiques de sécurité ne parviennent plus à assurer efficacement la sécurité de l’ensemble des Camerounais et de leurs biens. C’est dans l’optique de combler ce déficit sécuritaire que les activités privées de gardiennage seront légalisées au Cameroun à la faveur de la loi n°97/021 du 10 septembre 1997 dont le décret d’application suivra le 02 février 2005.En dépit de son heureux impact sur les populations, le gardiennage privé ne reçoit pas encore ses lettres de noblesse auprès de l’opinion nationale qui l’accable le plus souvent de toutes sortes de disgrâce et de préjugés.

Dans la présente réflexion, nous nous proposons de démontrer que les activités privées de gardiennage contribuent de manière significative au progrès économique de la Nation. Cette importante contribution est perceptible sous le triple prisme de la création des emplois, du contribuable et, bien entendu, de la mission régalienne de sécurité des personnes et des biens.

  • Les sociétés privées de gardiennage : de véritables greniers d’emplois

Bien qu’il n’y ait que neuf sociétés privées de gardiennage sur la centaine que compte le Cameroun qui exercent légalement, (PANTHERE SECURITY, VIGILCAM SECURITY, G4 SECURICOR (G4S), AFRICA OMNIBUSINESS SARL, AFRICA SECURITY SARL, ESSOKA SECURITY SAFETY, CURTAIN SARL, SOCIETE CAMEROUNAISE DE SECURITE SARL, DAK SECURITY), les autres étant, soit en cours de légalisation et bénéficiant à cet effet de la tolérance administrative, soit illégales. Il faut tout de même relever que ce secteur d’activité crée de multiples emplois. Selon le Ministère de tutelle, ces sociétés emploient à ce jour plus de 20.000 Camerounais. Dans un Cameroun résolument engagé sur la voie des « Grandes Réalisations » et de l’ « Emergence » à l’horizon 2035, un secteur d’activité qui entretient de manière continue 20.000 postes de travail est un partenaire économique sérieux, en termes d’apaisement du climat social. Ce d’autant plus que la lutte contre le chômage est l’une des priorités du Renouveau. Tous ces jeunes diplômés de nos grandes écoles et universités en attente d’un emploi plus efficient viennent s’abreuver à la source du gardiennage en attendant de trouver mieux ailleurs. Tous ces jeunes Camerounais au profil intellectuel et professionnel souvent étroits, lorsqu’ils ne se tournent pas vers le secteur informel dont on connait la précarité et les vicissitudes, n’ont guère d’autre choix que le gardiennage. Tous ces anciens hommes en tenue à la retraite ou révoqués, encore habités par la nostalgie du service d’ordre, ou soucieux de partager leur expertise, ou fuyant tout simplement les affres de l’oisiveté, sont accueillis favorablement par les sociétés de gardiennage. Que de bienfaits pour la paix sociale ! Il certain que la paix sociale, déjà suffisamment éprouvée par la conjoncture difficile que traverse le pays, le serait davantage s’il y avait 20.000 sans-emploi de plus. Le droit au droit au travail est un droit humain fondamental, garanti par l’article 23 de la déclaration universelle des droits de l’homme et repris par le préambule de notre constitution. Le pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels de 1966, à travers son article 6, désigne formellement les Etats comme garants dudit droit. L’initiative privée, comme celle dont fait montre la sécurité privée pour se substituer à cette mission régalienne de l’Etat doit donc être saluée et encouragée. Le travail, non seulement donne à l’homme la joie et la raison de vivre, comme on peut le lire dans ces propos de De Lacroix : « Tout travail travaille à faire un homme en même temps qu’un objet », mais aussi constitue la principale condition de possibilité du progrès social, tel que l’exprime ici Adam Smith : « Le travail est une richesse des nations au même titre que l’or et l’argent ». La contribution républicaine des sociétés privées de gardiennage ne s’arrête pas à la création des emplois, il y a également le facteur contribuable.

  • Des contribuables de haut vol

Les sociétés de gardiennage au Cameroun, du moins pour la plupart, sont classées parmi les grandes entreprises nationales, ce qui signifie que leur chiffre d’affaire est supérieur ou égal à 1 milliard de francs CFA. Il s’ensuit que leur contribution fiscale se chiffre également en dizaines voire en centaines de millions par an. Ce d’autant plus que lesdites sociétés ne bénéficient d’aucune exonération fiscale. C’est en fait des milliards de francs que les sociétés privées de gardiennage versent collectivement à l’Etat en termes de taxations diverses. Il s’agit des personnes morales de bonne foi qui sont au service des Camerounais et par extension de l’Etat camerounais, comme on peut le constater au travers de leur apport décisif sur le terrain de la sécurité nationale.

  • Des partenaires incontournables dans la sécurité nationale

Comme cela a déjà été relevé précédemment, la sécurité, la sureté et la défense nationales sont des missions régaliennes de l’Etat placées sous la haute charge du Chef de l’Etat. Seulement, en dépit de ses bonnes intentions, l’Etat n’a pas les moyens d’assurer de manière monopolistique la sécurité et la sureté de tous les Camerounais et de leurs biens. Même si ses intentions paternalistes planent constamment sur l’ensemble du peuple, l’Etat n’a ni les moyens financiers et logistiques, ni les ressources humaines nécessaires pour assurer la sécurité de chaque Camerounais pris individuellement y compris ses biens.

Un Délégué Général à la sureté nationale a déclaré de manière lapidaire, au sujet de l’insécurité grandissante au Cameroun, que : « On ne peut pas mettre un policier derrière chaque Camerounais », l’opinion nationale fut choquée par ce qu’elle a taxé de désinvolture ou de démission de l’Etat face à ses missions les plus essentielles. Or, il y a certainement eu un dérapage verbal, une grave erreur de communication politique imputable à ce haut commis de l’Etat, mais de manière réaliste ses propos sont avérés. L’Etat ne saurait tout faire, c’est pourquoi la sécurité des biens et des personnes a été libéralisée au Cameroun à travers la légalisation des activités privées de gardiennage. Sur ce terrain, les sociétés de gardiennage impriment efficacement leurs marques et sont parfois plus décisives que les forces de l’ordre. C’est au nom de cette efficacité qu’on les retrouve dans la sécurisation des édifices sensibles et des services publics, en dépit des restrictions de l’article 2 de la loi de 1997.Certains responsables préfèrent même voir les éléments issus des sociétés privées de gardiennage assurer leur sécurité plutôt que les forces traditionnelles.

On retrouve en effet les agents de sécurité dans toutes les sphères socioéconomiques de notre pays ; dans la sécurisation des structures publics ou parapublics et des entreprises privées à diverses échelles. On les retrouve dans les concessions privées où la présence des forces de l’ordre est plutôt timide. On les retrouve également dans les positions sécuritaires avant-gardistes stratégiques, comme les projets structurants, notamment les barrages de Lom Pangar, de Mekin et de Memve’ele, les exploitations de fer de Mbalam et de Lomié, la Centrale à gaz de Kribi (Africa security) et bien d’autres sites hautement sensibles et d’importance nationale. Les sociétés de gardiennage sont donc des alliés stratégiques pour les questions de sécurité et de sureté au Cameroun, surtout avec la recrudescence du grand banditisme.

En définitive, plutôt que d’être traitées de tous les maux ou d’être couvertes d’opprobre de toute nature, les sociétés privées de gardiennage ont leur place au sein du système socioéconomique camerounais à travers le triple paradigme de la création des emplois, le contribuable et la sécurité. L’Etat camerounais ne devrait donc pas tarir de générosité et de tolérance envers ce secteur d’activités. Au meilleur des cas, les pouvoirs publics pourraient accompagner ledit secteur à travers l’assainissement, les exonérations fiscales diverses, voire les subventions, en guise de reconnaissance pour des bons et loyaux services rendus à la nation. Si l’on était dans la Grèce socratique, les promoteurs des sociétés de gardiennage, par delà leur statut libéral et capitaliste, mériteraient certainement d’être nourris au prytanée pour leur contribution patriotique et républicaine à l’apaisement du climat social au Cameroun.

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M
Je voudrais avoir la convention collective des agents de sécurité ou gardiens au CAMEROUN;<br /> Merci
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